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MÉMO: Immersion dans la culture hip hop

Marie Dardenne 23 février 2018
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Fresque réalisée par Jean-Marc Lejeune

Du 2 février au 31 mars 2018, la culture hip hop investit le Pavillon Baudouin à Paris. L’occasion de revenir sur ce mouvement qui fêtera bientôt ses cinquante ans.

Aujourd’hui, on ne compte plus le nombre de lieux dédiés à la culture urbaine (le 104, l’Aérosol, l’association Hip Hop citoyen, ou encore plus récemment le centre La Place). Apparu dans les années 1970, aux Etats-Unis, le mouvement hip hop, s’il a pu être controversé, n’a jamais cessé de faire parler de lui. Pourtant il fait face à un véritable paradoxe : plus présent que jamais sur la scène culturelle, l’art urbain est partout (street art, danse, musique…), mais ses archives sont quasi inexistantes.

Alors comment préserver un tel patrimoine ? C’est tout l’enjeu de l’exposition Mémo qui se tient au Pavillon Baudouin, à Paris. Ce sont les deux acteurs de la culture urbaine que sont François Gautret (directeur artistique et fondateur de l’association Rstyle) et Jean-Marc Mougeot (directeur général et artistique de La Place) qui sont à l’initiative du projet.

Des origines à nos jours

Cette exposition plonge le public dans l’énergie hip hop de ses origines jusqu’à aujourd’hui. À travers un parcours immersif, l’exposition Mémo tente à la fois de rendre hommage à la mémoire de cette culture, tout en questionnant son devenir.

Il y a aussi la volonté de toucher à tous les médiums, sans limiter ce mouvement à la danse ou à la musique. D’autre part, la place des femmes est aussi abordée, et plusieurs portraits sont présents. Chacun d’entre eux peut être scanné par son mobile grâce à un flash code donnant ainsi accès à une interview et vidéo de l’artiste concernée.

Volontairement non chronologique, l’idée est plutôt de traverser les différentes atmosphères qui caractérisent ce mouvement. Ainsi, la scénographie s’axe autour de cinq salles : « Power », « Rêve », « Adrénaline », « Origines », « Questionnement ».

« Power »

installation lumineuse par Fabien Hulin

Dans la toute première salle, se mêlent à la fois une installation lumineuse représentant un train réalisé par l’artiste plasticien Fabien Hulin, des photos de danseurs de break en mouvement qui font face à des photos d’archives retraçant les débuts des blocks parties, une projection sur le sol de danseurs et une bande-son créée pour l’occasion par Niko.

« Rêve »

Le deuxième espace nous fait entrer dans l’univers d’une chambre d’un danseur de break, un « B-boy ». Que ce soit au travers d’objets (films, vêtements, platines, miroir…), on se retrouve dans l’espace de création et d’innovation du breaker. Le passage du rêve à la réalité existe bien. D’ailleurs, un clin d’œil est fait à Lilou, un des danseurs de la compagnie Pokemon Crew, avec une carte du monde retraçant ses tournées, ainsi qu’une vidéo de ses performances.

« Adrénaline »

Pour se rendre dans le troisième espace, on emprunte des escaliers recouverts de graffitis et de photos d’archives. Bruits de bombes de peinture, lumière qui grésille… Ici, tout est conçu pour provoquer une montée d’adrénaline. L’envers du décor est bien dévoilé. Un court-métrage a d’ailleurs été spécialement réalisé pour l’occasion par Charlie Aerhern, connu pour son film Wild Style qui retraçait les débuts de la culture hip hop au cœur du Bronx.

Cet espace invite à se questionner sur l’image que renvoie cette culture. En effet, si elle est reconnue aujourd’hui comme un art à part entière, la culture urbaine a longtemps été décriée. Incomprise et perçue comme une nuisance, à l’image des graffeurs traqués par la police.

« Origines »

La quatrième salle se veut être un retour aux sources, aux origines de la danse hip hop. Une fresque, façon Grottes de Lascaux réalisée par Jean-Marc Lejeune, met en lumière l’aspect transgénérationnel de cette danse. Une vidéo extraite du film les Origines permet de comprendre les différentes influences qui nourrissent le hip hop, avec des références aux arts martiaux, à la capoeira, aux claquettes, à la danse africaine… Le hip hop ne traverse-t-il pas les continents et ne puise-t-il pas ses inspirations dans différents styles ? D’ailleurs, des photos du danseur Bojin, manager du HRC Dance studio, témoigne de cette diversité et de la part de culture asiatique dans le mouvement.

« Questionnement »

Planche réalisée par Berthet One

La dernière salle est réalisée en collaboration avec le dessinateur Berthet One. Cet artiste, qui a notamment travaillé avec l’équipe des Lascars, est l’auteur de la BD l’Évasion. Son trait rappelle celui de l’univers des graffs. Sur plusieurs planches, il retrace, à partir de témoignages, les souvenirs et anecdotes de la culture hip hop. Il aborde surtout la problématique du manque de sources et d’archives. Par exemple, de nombreuses cassettes vidéo ont été égarées et jetées car leur numérisation était, à l’époque, trop coûteuse ou complexe.

Véritable questionnement quant à l’avenir du hip hop,l’exposition s’achève par une installation de Heavy M : un point d’interrogation géant sur lequel sont projetés des extraits du Urban Films Festival (crée par François Gautret).

Ainsi, on prend conscience de la rareté des sources qui retracent le mouvement hip hop et de la nécessité de les préserver. L’exposition MéMo ambitionne également de rendre la culture toujours plus accessible. Gratuite avec des visites organisées tous les samedis, courrez-y !

Marie Dardenne

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